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Maltraitance judiciaire

Le 21 mars 2017

Madame Belmontet n’est pas n’importe qui dans l’actualité judiciaire ! C’est en effet cette présidente de chambre correctionnelle au Tribunal de Marseille qui vient d'être mise à l’index par la presse, ses collègues et les avocats français pour avoir maltraité (le mot est celui du quotidien Le Monde, et il est bien choisi), un justiciable lors d’une audience de comparution immédiate.

Madame Belmontet n’avait pas eu de chance : ce jour-là, les micros de France Culture étaient branchés dans le prétoire … Et au lieu de s’évaporer sans témoins sous les voûtes du Palais, la violence ordinaire des procès de « flagrant délit » s’est fixée sur les enregistreurs ...

Diffusée sur les ondes de France Culture le 20 février dernier, l’enregistrement a fait scandale. Car soudain, ce que vivent au quotidien les avocats pénalistes dans tant d’enceintes correctionnelles a été révélé au grand jour, brutalement diffusé sur la place publique : cette justice « expéditive » comme la qualifie Le Monde, cette justice « d’abattage » s’est tout à coup retrouvée en pleine lumière. Et avec elle les turpitudes de certains de celles et ceux qui sont censés rendre la Justice dignement au nom du Peuple, mais qui l’expédient scandaleusement dans un climat de café du commerce.

Le Monde nous apprend que Madame Gorce, la Présidente du Tribunal de Grande Instance de Marseille, a reçu sa collègue Madame Belmontet. 

« Pour lui dire que les propos tenus ne sont pas acceptables »  nous apprend le quotidien.

C’est bien ! Et nous l’avons d’ailleurs écrit hier ici.

Mais la Présidente Gorce a tenu à ajouter, ainsi que nous l’indique Le Monde : « Je ne la laisserai pas être jetée en pâture. Même avec ce dérapage verbal, elle ne mérite pas d’être maltraitée ni par ses collègues, ni par les avocats, ni par la presse. »

Tout avocat, et plus encore tout avocat pénaliste, ne peut qu’applaudir à cette mise en garde.

Madame Gorce a mille fois raison.

Elle est d’ailleurs pleinement dans son rôle de juge en refusant de "jeter en pâture" une femme accusée.

Elle fait honneur à sa robe en refusant que la Vox Populi, avec ses facilités, ses outrances, en un mot sa vulgarité, se substitue au jugement loyal auquel a droit Madame Belmontet.

Il reste simplement à souhaiter que Madame Gorce serve d’exemple à sa protégée et, qu’à l’avenir, celle-ci renonce à s’offrir en pâture les justiciables qui comparaissent devant elle !